vous trouverez sur le lien ci-dessous une première tentative de transformation des cordels réalisés en vidéo .
http://ateliers-du-cordel.blogspot.fr/
vos remarques seront les bienvenues
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les rois,les reines et les valets jouent au jeu du hasard et de l'amour , les plus forts ne sont pas toujours les gagnants !!!
Dans un étui de maroquin
Un jeu de cartes était rangé.
Brillantes et douces au toucher
Prêtes à être tenues en main.
C’était un jeu de trente-deux cartes,
Des cartes belles, bien dessinées.
Et sur le dessus de la boîte
Les quatre rois étaient rangés.
Alexandre, le roi de Trèfle
En forme de porte-bonheur.
Il était têtu comme un buffle
Et il était toujours vainqueur.
Un roi tranquille, un roi serein
Et son regard était d’airain,
De qui jamais n’hésitera
Avant de marcher au combat.
Puis César le roi de Carreau
D’un rouge éclatant de flambeau.
On murmurait dedans l’étui
Qu’il craignait de risquer sa vie
Car il se tenait à carreau
Quand le jeu se nommait Bataille
Et c’est souvent, vaille que vaille
Qu’il peinait à être héros.
Et puis David, le roi de Pique
Noir et aigu comme un épieu.
Il montrait de par ses mimiques
Que le combat lui était jeu.
On le craignait, on l’évitait.
Les deux, les trois, humbles vassaux
Courbaient le front et le fuyaient
Quand sa pique se dressait bien haut.
Quant à Charles, rouge roi de Cœur,
Il se savait beau et aimé.
Son cœur était tout en rondeur,
Doux au regard, tendre à aimer.
On enviait ses belles manières
Et sa prestance cavalière.
Il se pensait le roi des rois
Et cela se disait tout bas.
Et cette partie faisait rage
Quatre joueurs en plein ouvrage.
Après la donne et quelques plis
Les quatre rois étaient partis.
Eux qui toujours restaient groupés
S’inquiétaient d’être séparés
Mêlés aux cartes à petits points
Dont on se défaussait soudain.
Puis quand le jeu était coupé
Tout à coup ils se retrouvaient.
Les joueurs abattant leurs cartes
En prenaient d’autres en grande hâte.
Les joueurs s’exclamaient en chœur.
Cela durait depuis des heures…
Parfois, les rois formaient des paires
Mais étaient vite mélangés.
Si l’un d’entre eux tombait à terre,
Une main prompte le ramassait.
Bien vite le jeu reprenait
Et les cartes redistribuées.
Battus, coupés, les quatre rois
Subissaient tout avec émoi
Et quand les joueurs fatigués
Posaient leurs cartes, face cachée
Et prenaient un temps de repos
Afin de se payer un pot,
Les quatre rois, tout effarés,
Parmi les cartes se cherchaient.
Mais vite, la fièvre du jeu
De nouveau brûlait dans les yeux
Regroupant autour du tapis
Les quatre joueurs, des amis.
Les hommes jouaient en silence,
Le front plissé, lèvres serrées
Et la fumée devenait dense
Quand les cigares se consumaient.
Parfois l’un d’eux, d’une voix rauque
Réclamait un demi bien frais
Et dans la lumière un peu glauque
Se discernait le bock givré.
Par la fumée des cigarettes,
L’air était lourd et parfumé.
Quelqu’un ouvrait une fenêtre,
Un autre joueur la fermait.
Les quatre rois bien malmenés
Essayaient de se libérer.
Le roi de Trèfle se démenait.
Le roi de Carreau se cachait.
Le roi de Pique se bagarrait.
Le roi de Cœur le retenait.
Et quand la lune se coucha
Chaque joueur rentra chez soi,
Laissant la pioche abandonnée,
Le jeu de cartes éparpillé.
Dans le silence retrouvé
Les quatre rois cherchaient leurs dames.
Ce n’était pas chose aisée
Ils y mettaient toute leur âme.
Le roi de Trèfle se penchait
Cherchant Argine, son adorée.
Le roi de Carreau, tout tremblant
Appelait Rachel doucement.
Le roi de Pique criait : Pallas!
En imposant sa large masse.
Le roi de Cœur, tout palpitant
Cherchait Judith en murmurant.
Afin de mieux scruter au loin
Les quatre rois firent édifier
Un grand château pour y monter
Tel un donjon des jours anciens.
Le menu peuple se groupa
Créant bientôt cet édifice.
Alors, par quelque maléfice
Le château de cartes chuta.
Le roi de Trèfle se penchait
Cherchant Argine, son adorée.
Le roi de Carreau, tout tremblant
Appelait Rachel doucement.
Le roi de Pique criait : Pallas!
En imposant sa large masse.
Le roi de Cœur, tout palpitant
Cherchait Judith en murmurant.
Afin de mieux scruter au loin
Les quatre rois firent édifier
Un grand château pour y monter
Tel un donjon des jours anciens.
Le menu peuple se groupa
Créant bientôt cet édifice.
Alors, par quelque maléfice
Le château de cartes chuta.
Et c’est alors que les rois
Découvrirent avec effroi
Que leurs dames étaient parties
Avec… les valets sans un bruit.
Hector, Ogier, Lahire, Lancelot
Ces jeunes hommes étaient si beaux .
Mésalliance me direz-vous.
Mais comme le sait chacun de nous,
En amour, c’est de bonne guerre
Tout valet peut être joker !
auteure : Claudine DUVIALARD
chacun s'y prend à décrire ma figure
le chasseur m'a traqué dans les bois
la bonne mère dans son plat
l'enfant malin sous les draps
alors toi l'ami peintre
et toi aussi qui veut chanter
vas si tu veux de la main de la voix
inventer mes allures
et d'autres aventures
encore toujours ce sera moi
les premiers qui m'appelèrent
sont les contes tupis
quand leur venait le bruit comme ça qui fait
sa ci sa ci dans les arbres
alors va quel effroi
les enfants se blottissent
les genoux en frémissent
on brûlait feuilles on faisait voeu
saci dit-on mange le feu
on en disait bien d'autres
qu'un homme avait deux fils
bien beaux forts qu'on enviait
qu'un oncle mena loin
les enivra tua laissa là
leur chagrin plus rien qu'errant
l'un en saci l'autre en oiseau
pour le malheur des gens
ils m'ont cru voir gamin à queue de bête
courir les bois et m'enfuir à tue-tête
ouh ouh l'enfant c'est toi
qui n'as pas d'âge
et que le trouble agace
mais prends soin de ceci
que le saci parti plus rien n'a de grâce
quand on voit fille pâle
dit-on sur la route et sans malle
c'est d'un amour pour moi qu'elle languit
mais comment qu'en ferais-je
moi qui n'ai rien ni nom ni aucune intention
et qui cours tout mon saoul après les papillons
puis un jour ils m'ont vu au creux d'un
tourbillon
sur une seule jambe facétieux négrillon
d'ailleurs à quoi bon l'autre jambe
à qui va comme la toupie tout vif et tout en rond
on dit que c'est maître cruel qui l'ôta
pour me tenir en chaîne
d'autres que c'est en luttant
je la perdis sur le champ
mais tous me reconnaissent au bonnet
vermillon de travers sur la tête
en chaque main trois doigts plus un trou
et partout sortilèges que j'envoie sur les bêtes
pour me tenir regardez les malins
tendent des fils où vont droit les chemins
lancent chiffon sur les poussières
j'y suis c'est fait on me garde en bouteille
car sous le capuchon dit-on je veille
à l'art de vos remèdes
aussi celui qui va pour prendre
les plantes et les secrets et ce qu'il faut en faire
souffre ma colère ou fait de moi son frère
je remue tout
crache dans les plats renverse sel
siffle comme rien que vent méchant
laisse fenêtres toutes ouvertes
et le lait tourne et le pain brûle
les mouches dans la soupe
les moustiques et les puces
c'est moi c'est moi
et le cheval hors de l'enclos
qui s'en va vite tout au galop
rien que rumeur et que grelots
et j'insiste et je dure
à tracasser la vie des gens
soixante dix-sept ans
en guise de fin me voilà champignon
de moi ne reste rien plus que le poison
on se rassure en rappelant que j'ignore
par où le gué à travers les ruisseaux
mais pensez donc j'habite les eaux
de vos songes qui font un peuple
de sacis réunis chaque nuit
pour s'accroître et confondre
ainsi j'ai gagné les villes et chaque maison
à travers les inventions de vos télévisions
je réjouis paraît-il il vaut mieux que faire peur
avec des farces et des malices
qui apaisent les désirs de vos longues révoltes
attendez donc le jour quand vous serez dehors
car jamais le saci ça on sait ne s'endort
Belem - brésil - septembre 2009
auteur : François DUVIALARD
Qu'il me baise des baisers de sa bouche !
Car ton amour vaut mieux que le vin,
Tes parfums ont une odeur suave;
Ton nom est un parfum qui se répand;
C'est pourquoi les jeunes filles t'aiment.
Entraîne-moi après toi!
Nous courrons!
Le roi m'introduit dans ses appartements...
Nous nous égaierons, nous nous réjouirons à cause de toi;
Nous célébrerons ton amour plus que le vin.
C'est avec raison que l'on t'aime.
Je suis bronzée, mais je suis belle, filles de Jérusalem, …
Tes joues sont belles au milieu des colliers,
Ton cou est beau au milieu des rangées de perles.
Nous te ferons des colliers d'or,
Avec des points d'argent.
- Tandis que le roi est dans son entourage,
Mon nard exhale son parfum.
Mon bien-aimé est pour moi un bouquet de myrrhe,
Qui repose entre mes seins.
Mon bien-aimé est pour moi une grappe de troène
Des vignes d'En Guédi.
- Que tu es belle, mon amie, que tu es belle !
Tes yeux sont des colombes.
- Que tu es beau, mon bien-aimé, que tu es aimable !
Notre lit, c'est la verdure.
Mon bien-aimé parle et me dit:
Lève-toi, mon amie, ma belle, et viens !
Car voici, l'hiver est passé;
La pluie a cessé, elle s'en est allée.
Les fleurs paraissent sur la terre,
Le temps de chanter est arrivé,
Et la voix de la tourterelle se fait entendre dans nos campagnes.
Le figuier embaume ses fruits,
Et les vignes en fleur exhalent leur parfum.
Lève-toi, mon amie, ma belle, et viens!
Ma colombe, qui te tiens dans les fentes du rocher,
Qui te caches dans les parois escarpées,
Fais-moi voir ta figure,
Fais-moi entendre ta voix;
Car ta voix est douce, et ta figure est agréable.
Prenez-nous les renards,
Les petits renards qui ravagent les vignes;
Car nos vignes sont en fleur.
Mon bien-aimé est à moi, et je suis à lui;
Il fait paître son troupeau parmi les lis.
Avant que le jour se rafraîchisse,
Et que les ombres fuient,
Reviens!... sois semblable, mon bien-aimé,
A la gazelle ou au faon des biches,
Sur les montagnes qui nous séparent.
Sur ma couche, pendant les nuits,
J'ai cherché celui que mon cœur aime;
Je l'ai cherché, et je ne l'ai point trouvé...
Je me lèverai, et je ferai le tour de la ville,
Dans les rues et sur les places;
Je chercherai celui que mon cœur aime...
Je l'ai cherché, et je ne l'ai point trouvé.
Les gardes qui font la ronde dans la ville m'ont rencontrée:
Avez-vous vu celui que mon cœur aime ?
A peine les avais-je passés,
Que j'ai trouvé celui que mon cœur aime;
Je l'ai saisi, et je ne l'ai point lâché
Jusqu'à ce que je l'aie amené dans la maison de ma mère,
Dans la chambre de celle qui m'a conçue.
Que tu es belle, mon amie, que tu es belle !
Tes yeux sont des colombes,
derrière ton voile.
Tes cheveux sont comme un troupeau de chèvres,
Suspendues aux flancs de la montagne de Galaad.
Tes dents sont comme un troupeau de brebis tondues,
Qui remontent de l'abreuvoir;
Toutes portent des jumeaux, Aucune d'elles n'est stérile.
Tes lèvres sont comme un fil cramoisi,
Et ta bouche est charmante;
Ta joue est comme une moitié de grenade,
derrière ton voile.
Tu me ravis le cœur, ma sœur, ma fiancée,
Tu me ravis le cœur par l'un de tes regards,
Par l'un des colliers de ton cou.
Que de charmes dans ton amour, ma sœur, ma fiancée !
Comme ton amour vaut mieux que le vin,
Et combien tes parfums sont plus suaves que tous les aromates !
Tes lèvres distillent le miel, ma fiancée;
Il y a sous ta langue du miel et du lait,
Et l'odeur de tes vêtements est comme l'odeur du Liban.
Tu es un jardin fermé, ma sœur, ma fiancée,
Une source fermée, une fontaine scellée.
Tes jets forment un jardin, où sont des grenadiers,
Avec les fruits les plus excellents,
Les troènes avec le nard;
Le nard et le safran, le roseau aromatique et le cinnamome,
Avec tous les arbres qui donnent l'encens;
La myrrhe et l'aloès,
Avec tous les principaux aromates;
Une fontaine des jardins,
Une source d'eaux vives,
Des ruisseaux du Liban.
Soufflez sur mon jardin, et que les parfums s'en exhalent !
- Que mon bien-aimé entre dans son jardin,
Et qu'il mange de ses fruits excellents !
J'entre dans mon jardin, ma sœur, ma fiancée;
Je cueille ma myrrhe avec mes aromates,
Je mange mon rayon de miel avec mon miel,
Je bois mon vin avec mon lait...
-Mangez, amis, buvez, enivrez-vous d'amour !
- J'étais endormie, mais mon cœur veillait...
C'est la voix de mon bien-aimé, qui frappe:
- Ouvre-moi, ma sœur, mon amie,
Ma colombe, ma parfaite !
Car ma tête est couverte de rosée,
Mes boucles sont pleines des gouttes de la nuit.
- J'ai ôté ma tunique; comment la remettrais-je ?
J'ai lavé mes pieds; comment les salirais-je ?
Mon bien-aimé a passé la main par la fenêtre,
Et mes entrailles se sont émues pour lui.
Je me suis levée pour ouvrir à mon bien-aimé;
Et de mes mains a dégoutté la myrrhe,
De mes doigts, la myrrhe répandue
Sur la poignée du verrou.
J'ai ouvert à mon bien-aimé;
Où est allé ton bien-aimé,
O la plus belle des femmes ?
De quel côté ton bien-aimé s'est-il dirigé ?
Nous le chercherons avec toi.
Mon bien-aimé est descendu à son jardin,
Au parterre d'aromates,
Pour faire paître son troupeau dans les jardins,
Et pour cueillir des lis.
Je suis à mon bien-aimé, et mon bien-aimé est à moi;
Il fait paître son troupeau parmi les lis.
Qui est celle qui apparaît comme l'aurore,
Belle comme la lune, pure comme le soleil,
Mais terrible comme des troupes sous leurs bannières ?
- Je suis descendue au jardin des noyers,
Pour voir la verdure de la vallée,
Pour voir si la vigne pousse,
Si les grenadiers fleurissent.
Je ne sais, mais mon désir m'a rendue semblable
Aux chars de mon noble peuple.
- Reviens, reviens, Sulamithe !
Reviens, reviens, afin que nous te regardions.
Que tu es belle, que tu es agréable,
O mon amour, au milieu des délices !
Ta taille ressemble au palmier,
Et tes seins à des grappes.
Je me dis: je monterai sur le palmier,
J'en saisirai les rameaux !
Que tes seins soient comme les grappes de la vigne,
Le parfum de ton souffle comme celui des pommes,
Et ta bouche comme un vin excellent,...
- Qui coule aisément pour mon bien-aimé,
Et glisse sur les lèvres de ceux qui s'endorment !
Je suis à mon bien-aimé,
Et ses désirs se portent vers moi.
Viens, mon bien-aimé, sortons dans les champs,
Demeurons dans les villages !
Dès le matin nous irons aux vignes,
Nous verrons si la vigne pousse, si la fleur s'ouvre,
Si les grenadiers fleurissent.
Là je te donnerai mon amour.
Les mandragores répandent leur parfum,
Et nous avons à nos portes tous les meilleurs fruits,
Nouveaux et anciens:
Mon bien-aimé, je les ai gardés pour toi.
Oh! Que n'es-tu mon frère,
Allaité des mamelles de ma mère !
Je te rencontrerais dehors, je t'embrasserais,
Et l'on ne me mépriserait pas.
Je veux te conduire, t'amener à la maison de ma mère;
Tu me donneras tes instructions,
Et je te ferai boire du vin parfumé,
Du moût de mes grenades.
Que sa main gauche soit sous ma tête,
Et que sa droite m'embrasse!
.....
- Je vous en conjure, filles de Jérusalem,
Ne réveillez pas, ne réveillez pas l'amour,
Avant qu'elle le veuille.
Grise, une croix plus sombre sur le dos
Mimosa de race provençale
Est née et vit en Bretagne.
Penroc, lieu-dit, verdoyant d’herbes,
une terre humide, une source, un puits.
Plus haut, dans son enclos, une terre sèche où
Mimosa se roule les quatre sabots en l’air soulevant
un nuage de poussière emporté par le vent.
Jeune, deux moutons noirs de race ouessant
accompagnaient ses courses et ruades joyeuses.
Maintenant plus grande, plus forte,
les moutons ont été placés dans un autre pré.
L’enclos qui préserve Mimosa devenait trop petit.
Seuls des poules et des coqs nains passent
rapidement dans l’enclos, de peur d’être écrasés par
l’ânesse qui se fait un plaisir de les poursuivre.
Telle un gros chien, l’ânesse Mimosa surveille les
alentours.
Un petit chemin au bord de l’enclos
conduit vers une rivière poissonneuse.
Des enfants passent. Mimosa courre à leur
rencontre !un voisin pêcheur, la canne à l’épaule,
lui caresse le museau, fouille dans sa poche
où un croûton de pain lui est réservé.
Mimosa aime la compagnie, les caresses
et parfois son maître a le bonheur
de sa tête posée sur son épaule,
yeux dans les yeux,
odeur mêlée d’herbes et de crinière,
sa langue chaude et humide passe sur son bras.
Il a bien essayé de monter sur sa croupe
mais Mimosa est indépendante !
Elle se cabre, tourne brutalement
faisant tomber l’intrus !
Son grand plaisir, la promenade
dans les petits chemins environnants.
Au milieu des champs de maïs
l’herbe des bordures de chemins est goûteuse.
Mimosa se sent libre surtout lorsque ses maîtres
défont délicatement la longe.
Alors, elle peut, dans un trot rapide,
Partir en avant d’eux et surtout se cacher
A l’ abri d’un arbre et profiter de l’herbe
Différente de l’enclos .
Ses maîtres arrivent, la caressent, la rattachent
Et , après quelques heures de cette promenade
Sur les chemins, au bord des routes, au bord de la
rivière Mimosa retrouve l’enclos, heureuse .
Un jour, une petite carriole métallique
S’ajoute à son harnachement.
Mimosa aime bien car les deux brancards la guident.
Elle se sent en sécurité.
Assis à l’arrière ses deux maîtres et leur chienne
Sont fiers d’être conduits par leur ânesse Mimosa.
Lorsque le chemin s’y prête, un petit trot,
un petit galop secoue la carriole.
La chienne n’apprécie pas et saute sur le côté !
Mimosa aime, elle est joueuse,
et surtout, si la chienne essaie de la doubler
l’ânesse se place sur le côté l’empêchant de la
dépasser.
Mimosa domine, elle savoure.
La pluie et le froid n’ont pas d’effets sur Mimosa.
L’hiver lorsque quelques flocons de neige
se posent sur sa crinière, son souffle devient
brumeux, ses paupières se baissent et à l’abri d’une
remise elle se sèche tirant sur de la paille placée
pour ses repas.
Les années passent tranquilles et Mimosa,
du lieu-dit Penroc ,en Bretagne, entend au loin
les braiements d’un autre âne.
Son instinct, ses sens sont en éveil.
Quelque chose lui manque !
Sous sa queue une curieuse vibration
rend son caractère plus ombrageux.
Même les caresses de ses maîtres ne suffisent plus
pour calmer cette envie profonde d’autre chose.
Ceux-ci ressentent chez leur ânesse ce besoin
et décident d’un commun accord
de la laisser s’approcher d’un âne.
Basile est très velu ! un âne du Poitou dit-on !
A la découverte de cette magnifique ânesse
son sang d’étalon se réchauffe.
Il la frôle, lui mord légèrement le cou.
Mimosa se détourne, s’éloigne jauge l’âne.
Basile revient, se colle, la renifle, la mord à
nouveau. Et ainsi se passa la première rencontre de
Basile et Mimosa !Durant plusieurs jours les deux
ânes ,
eurent pleins d’échanges. Mimosa découvrit
la force de son compagnon mais sans le fuir.
Les mois passèrent et les maîtres de Basile
remplacèrent les maîtres qui avaient élevés
Mimosa.
Des enfants s’ajoutèrent à ses jeux et promenades.
Elle oublia Penroc , son enclos, sa carriole.
Mimosa mit au monde une petite ânesse.
Elle la nourrit, la protégea sous l’œil admiratif
de sa nouvelle famille.
Parfois elle se souvenait des promenades,
de sa tranquillité à vivre.
Seule elle ne s’ennuyait pas mais la présence
de l’âne Basile changeait la donne.
Ses galopades dans le pré, ses ruades,
ses courses avec l’âne faisaient l’admiration de
tous.
Aujourd’hui, ses anciens maîtres ont quittés
Penroc, ont quittés la Bretagne.
Ils sont en Provence où courent dans les garrigues
et les près séchés par le soleil des ânes
de la race provençale , comme Mimosa ,
la même croix foncée sur leur dos gris.
Ils ne peuvent s’empêcher de penser avec nostalgie
aux riches heures passées en compagnie de
Mimosa.
Chacun suit son chemin .
humains et animaux !
L’important est la trace indélébile
du bonheur reçu.
Petits et grands moments
immuables, ancrés dans la mémoire,
indispensables détails permettant
de pouvoir en recréer d’autres.
auteur : jean pierre DUVIALARD
Un peu avant l’an mil,
dans le royaume de Provence, encore italien,
s’édifia une forteresse à l’emplacement
d’une tour en bois, refuge des habitants
du fief de La Verdière, sur la route de
Castellanne à Arles. Route qui à cette époque
reliait l’Italie à l’Espagne.
Poules, chiens, cochons, chèvres et moutons
circulaient librement au sommet de la colline
calcaire couverte de chênes blancs et de chênes
verts délivrant les glands à l’automne.
A la venue des comtes de Castellane sur leurs
terres,les habitants se réunirent et s’opposèrent
à la création de cette forteresse destinée
à contenir une garnison de trois cents hommes.
Les habitants étaient menés par un berger
vigoureux et de grande taille.
Au bas de la tour en bois une petite chapelle
servait à accueillir les vieillards , les malades , les
femmes et les enfants qui, dans les périodes
troublées venaient y trouver asile.
Dans cette chapelle se réunissaient également
les proches du meneur nommé Nicolas.
Il portait un grand manteau de peaux, ouvert et
flottant sous le mistral et, entouré d’une centaine
de moutons, il était impressionnant .
Devant cette fronde, les comtes de Castellanne
firent venir les troupes afin de faire rendre
raison aux habitants du fief de La Verdière.
Les hommes armés mirent au pas les opposants
et les condamnèrent à la construction et à
l’entretien à vie de la forteresse en lieu et place
de la tour située à l’extrémité nord de la
colline. La petite chapelle et la tour en bois
furent détruites
afin de laisser la place à un château fortifié
composé de deux immenses salles superposées.
Sur le coté nord les comtes firent édifier une
petite église reliée directement à la forteresse.
Dans les soubassements, creusés dans la pierre,
des petites salles servant de cachots furent
également construites.
Le meneur de la fronde, Nicolas le berger, fut
attrapé après une longue chasse dans les bois
environnant la colline.
La soumission des habitants s’étant passée sans
faire couler le sang de part et d’autre, les
comtes laissèrent la vie sauve à Nicolas le
berger, mais il fut attaché
et condamné à casser des pierres jusqu'à la fin
de l’édification de la forteresse.
Après quelques mois, le 15 Août jour de
l’Assomption,
par une nuit d’été où le mistral dégageait le ciel
faisant apparaître des milliers d’étoiles, à la
levée du jour, les hommes chargés d’organiser
les travaux ne découvrirent à la place du berger
Nicolas qu’un grand manteau de peaux et une
aire de bottes posées sur les pierres.
Personne, même parmi les habitants , ne sut
ce qui s’était passé.
Les guetteurs n’avaient rien entendu, les chiens
n’avaient pas aboyé.
Sans ses habits pour se protéger le berger
risquait de ne pas aller très loin !
Certains parlaient de magie, d’autres de
sorcellerie !
Le berger vivant seul, pas un habitant du fief
de La Verdière ne reçu ses confidences.
Enfin… c’est ce que les habitants déclaraient !
Les mois passèrent, le château fortifié
apparaissait progressivement au sommet de la
colline de calcaire.
Tous les voyageurs passant sur la route
faisaient un arrêt pour admirer la puissance
de cette forteresse.
Seule une ouverture placée à coté de l’entrée
de la petite église donnait accès au château
fortifié. Une salle fut construite puis enfin une
autre où trois cents hommes de garnison
s’installèrent. Ils firent vivre les habitants
autour de la forteresse.
Viandes, légumes, fruits et vins produits sur
place rendaient cette région calme et prospère.
Seule , certaines nuits , à l’intérieur du
château, une curieuse vibration venant du
centre de la colline sur laquelle était bâtie la
forteresse indisposait les hommes durant leur
sommeil.
Cela se produisait de plus en plus souvent
laissant un curieux sentiment de malaise.
Les habitants les plus anciens qui avaient connu
la période où le château fut bâti se rappelèrent
la disparition étrange du berger Nicolas.
On parlait, on imaginait mille choses sur cette
vibration. On se souvenait que le berger
connaissait bien les alentours de la colline, les
différents passages et les petites grottes .
Pourquoi ne se serait-il pas caché au pied de la
colline vers l’ouest où coulait un beau ruisseau
et, de là, il aurait pu creuser une galerie qui
aboutirait au cœur de la forteresse ?
certaines parties basses du château se
couvraient de fentes qui s’élargissaient au fil du
temps.
Les creux construits dans la roche, pour servir
de cachots et de salles de tortures se
remplissaient progressivement de pierres
écroulées,
Comme si ces lieux ne devaient plus exister.
A chacun de leurs passages les seigneurs
constataient les dégradations et ces curieuses
vibrations venues du dessous de la forteresse.
Lors des fêtes et des réunions les habitants
écoutaient les anciens raconter leurs luttes
pour ne pas que se construise le château !
La garnison fut transportée dans un autre lieu !
Le château resta un très long temps inoccupé !
Et les habitants du fief de La Verdière
appelèrent leur église « Assomption » , jour de
la disparition du berger Nicolas.
Encore aujourd’hui, mille ans plus tard, certains
habitants du village de La Verdière imaginent
les salles de tortures,les cachots et des
passages sous la colline conduisant au château
et même, certaines nuits, ils ressentent une
curieuse vibration……..mais chut !
laissons le mystère pour dans mille ans !!!!!!!!!
auteur : jean pierre DUVIALARD
Jean est berger. Il a seize ans.
Jeanne est bergère, seize ans aussi.
Tous deux ont en charge un troupeau.
Deux cents ovins qui se déplacent en un long ruban
sur les chemins poussiéreux du Lot.
Un lent et sourd piétinement ponctué du battement
des sonnailles et redons.
Car Jean et Jeanne sont responsables de la
transhumance de ce troupeau d’animaux
qui appartiennent à deux propriétaires de la région.
Tondus, marqués, cloches au cou, les animaux
se sont ébranlés.
Ce sont d’abord les étroites ruelles villageoises
puis, les chemins des collines, ces sentes pierreuses
qui ont vu passer les troupeaux d’antan.
Il faut longer les murets de pierres sèches
environnés du chant des grillons sous une chaleur
qui ne faiblit pas. Et, le soir venu,
regrouper le troupeau qui se repose enfin
sous l’œil des chiens Zaï et Zec ,
indispensables compagnons des bergers.
Il faut les voir guetter le signal de leurs maîtres,
prêts à bondir pour ramener la brebis vagabonde,
presser les traînards ou resserrer l’ensemble
du troupeau regroupé en l’entourant d’un cercle
de galopades effrénées.
Dormez, moutons, dans le thym, le romarin et
la sauvage lavande odorante des collines.
Reposez vos pattes graciles qui ont parcouru tant
de kilomètres hier, aujourd’hui et recommenceront
demain leur lente progression vers le Lioran
et sa riche et nourrissante herbe verte .
Soudain, Zaï lève la tête et hume l’air,
inquiet, la queue ramassée entre les pattes.
Zec, le plus jeune se réfugie près de ses maîtres.
Les brebis se dressent sur leurs pattes encore
tremblantes de fatigue : l’inquiétude des chiens
leur est sensible.
Bientôt tout le troupeau est debout, sur le qui-vive,
se bousculant dans l’espoir de se fondre au sein
des toisons odorantes.
Jean et Jeanne scrutent le ciel.
De sombre, la nuit est devenue d’un noir profond.
Plus d’étoile, plus de lune.
Une forte odeur de terre monte des bois
de chênes plus lointains.
Silence. Attente. Hommes et bêtes impuissants
devant la nature .
Alors, le vent se lève.
Tout d’abord léger il commence à faire bruire
les feuillages assoiffés .
Les odeurs de la nuit s’exaltent .
Une hulotte passe en un vol silencieux, pressée
de regagner son abri dans un tronc d’arbre creux.
Le vent augmente, devient de plus en plus fort.
Les feuilles des grands chênes se retournent
et montrent leur face cachée.
Le troupeau piétine , les dos ondulent
comme des vagues.
Les chiens ont de plus en plus de mal à contenir
le cercle laineux bien clos.
Qu’une bête s’échappe et c’est la fuite éperdue,
inconsciente du danger et l’assurance de nombreux
animaux perdus, blessés ou morts.
Soudain, des éclairs aveuglants zèbrent le ciel.
L’orage tonne violemment juste au-dessus
du troupeau fou de peur.
-vite, crie Jean, poussons- les vers Carayac.
Les bêtes seront rassurées derrière les vieux murs.
L’ antique cazelle ruinée se dresse à peu de distance,
au sommet de la colline où le vent s'élance.
Ce ne sont plus que pans de murs, éboulis de
pierres, ouvertures béantes envahies par une
végétation folle.
Sous la lumière aveuglante des éclairs, les ruines
offrent un spectacle hallucinant. Le vent rugit
entre les pierres, sa violence fait s’ébouler
des lauzes en équilibre précaire.
Jean et Jeanne, aidés de leurs chiens, poussent
le plus rapidement possible le troupeau vers
les restes de l'abri.
Il était temps !
Les bêtes affolées allaient rompre
la ronde des chiens.
Il est bon d’avoir ce rempart face au éléments
déchaînés, de pouvoir s’adosser aux murs de pierres sèches.
Bientôt, la pluie d’orage d’une violence inouïe
s’abat sur tous.
C’est que les orages du Quercy ne connaissent
que violence et démesure.
Le risque est grand de voir la foudre tomber
près du troupeau. Et si le feu se déclare c’est la
fuite aveugle et la mort certaine de la plupart
des animaux confiés à la garde des jeunes bergers.
Jeanne pleure, dans les bras de Jean.
Tous sont trempés, terrorisés.
Eclairs aveuglants, tonnerre assourdissant
se multiplient entre les vieux murs encore debout.
La pluie redouble, glisse sur le sol des grandes
sécheresses qui ne peut l’absorber et s’écoule
bientôt en torrent de boue menaçant d’emporter
les plus faibles.
Il faut tenir. Subir les éléments déchaînés.
Croire que tout cela aura une fin heureuse en dépit
du vent fou et furieux qui bouscule les bêtes
et menace de renverser les humains.
Bêtes et gens réunis dans une même épouvante
immobiles, épuisés, se taisent.
Mais peu à peu la pluie ralentie.
Elle est encore violente mais moins semble-t-il.
Le vent perd de son intensité. Les éclairs diminuent
puis cessent et l’orage s’éloigne.
La pluie se calme puis s’arrête. Le vent est tombé.
Les moutons ont senti la fin de l’orage :
le danger est passé.
Le troupeau commence à bouger doucement.
Il semble que deux cents petits museaux dressés
respirent l’odeur de l’accalmie.
Les chiens s’ébrouent et viennent quémander
des caresses de réconfort.
Rassurés, les chiens se pelotonnent . Ils savent
que le troupeau ne bougera plus de la nuit et
que leur surveillance peut-être plus légère.
Jean et Jeanne dans leurs habits trempés, se
tiennent les mains et se contemplent en silence,
heureux d’être encore en vie, heureux de se
regarder,heureux de se toucher.
Et dans la cazelle de Carayac rendue aux
souvenirs de son passé, près du troupeau assoupi
et des chiens somnolents,
Jean et Jeanne échangent un premier baiser.
LA LEGENDE DES CIGALES
Terre de transhumance,
Terre de soleil et de vent
Les anges passaient leurs vacances
Dans ce pays ardent
Aux beautés naturelles, la Provence.
Les couleurs, l'air, la mer
Partout des lieux bénits.
Les anges foulant cette terre
Furent énormément surpris
D'une chose qui les rendit amer.
Pas une âme qui-vive
A l'abri des calanques.
Personne qui arrive
Aux sommets des restanques,
Seuls des anges sur les rives!
Eux qui révaient d'oliviers
De beaux champs de vignes
Rien, seuls des vergers oubliés
Remplis d'herbes indignes
Où le silence est convié.
Décus, ils allèrent sonner
A la porte du presbytère
Où un curé fut tout étonné
Dans sa maison prospère
De son sommeil ainsi détourné.
Les anges stupéfaits et navrés
Demandèrent où étaient les hommes.
Le curé, les yeux à demi fermés,
Encore engourdi de son somme
Se posa sur la pierre de la cheminée ;
Mais vous n'êtes pas informés
Qu'ici, dans le Sud, la chaleur
Du soleil nécessite de se reposer
Pour un grand temps réparateur
Dont le seigneur nous a doté.
Allongés sous les arbres
Ou sur une douce litière
Les hommes restaient de marbre
Dans le silence de leur chaumière
Rèvant ou fumant une bouffarde.
Mais quand travaillent-ils?
Les anges étaient très étonnés!
Le curé fronça les sourcils...
Mais à la fraiche! Tous penchés
Vers la terre et avec leurs outils!
De retour dans les cieux
Les anges allèrent raconter
Au maître des lieux
Ce silence, trop présent en été,
Et par trop malicieux.
Je vais créer un animal
Qui chantera si fort
Que tout l'espace provencal
A l'heure du midi, sans réconfort,
Réveillera la population provinciale.
C'est ainsi que les cigales chantèrent
Chaque été accrochées aux branches
Et par leur son strident réveillèrent
Les populations assoupies sur leur planche
Et vers leurs travaux les accompagnèrent.
poème extrait des " Légendes de nos provinces françaises " auteur Jean Pierre DUVIALARD
édition LES ATELIERS DU CORDEL
texte écrit par Nicolas DUVIALARD
texte lu par Jean Pierre DUVIALARD avec accompagnement musical écrit par Michel LEGRAND
Le Sanglier de l’Auvière
Début septembre, un grand champ de vignes
bordé d’oliviers au pied d’une colline.
Des chênes verts.
Des chênes blancs.
Les feuilles de vignes aux pourtours mordorés
frémissent sous le petit mistral.
Lieu dit l’Auvière, terre sèche,
pierreuse, jaunie sur fond de ciel bleu.
Ce matin la rosée perle sur les feuilles.
Une légère brume, il fait froid.
Les vendanges n’ont pas commencé,
des grappes rouges pendent, telles des bijoux,
remplies de jus sucré par le soleil.
Cette nuit, le champ a été labouré en boutis
par quatre pieds aux ongles durs.
Un groin a fouillé le sol des sillons
et par endroits, quelques restes
de grappes écrasées et sanguinolentes.
Midi, la rosée matinale a disparu.
L’air, chauffé par le soleil est pur.
Comme chaque jour le papé Guy, sur son vieux vélo,
fait la tournée des vignes,
surveillant le degré d’alcool
du jus des raisins avant la vendange.
Une pie s’échappe du champ de vignes.
Le papé descend de son vélo,
l’appuie sur le tronc d’un vieil olivier
La pie a prévenu !
Le sanglier est passé à l’Auvière.
La chasse est ouverte depuis quelques jours.
Encore un solitaire ! pense Guy en se penchant
sur les traces encore fraîches.
Au sommet de la colline, sous les chênes,
le sanglier solitaire dort,
caché par un muret de pierres
protégeant un lit de broussailles sèches et odorantes.
Depuis l’an dernier il a découvert l’Auvière.
Terre de nourriture où l’homme ennemi
est occupé aux tâches vigneronnes.
Les chiens courants ne flairent pas son refuge
car le vent éloigne ses odeurs.
Malgré sa masse imposante
il réussit à ne pas être vu.
Ses yeux noirs et ses narines frémissantes
savent repérer l’approche des prédateurs.
Papé Guy n’est pas surpris
des trous sur ses terres.
Il sait qu’à chaque approche de l’automne
il découvre les traces d’une présence animale.
Son envie est forte de décrocher son fusil
et au matin, d’attendre le passage du sanglier.
Mais, cette fois, il veut l’observer en train de
descendre de la colline, renifler, gratter le sol,
entendre ses pas, son grognement et le bruit de
la terre soulevée par ses deux défenses acérées.
Cette nuit, pense-t-il,
la lune éclairera les rangs de vignes
sans trop faire d’ombres.
Plus loin, sur une autre colline, au sud,
le château de La Verdière forme un décor irréel,
la scène d’un théâtre où la vie est en cause,
son bien, et où l’animal sauvage, soucieux
de sa survie ne fait pas de différence
entre les bois de chênes et les champs de vignes.
Tout lui appartient de naissance
et si la vigne est bonne, les plantes des collines aussi.
La nuit tombe lentement.
Les sauterelles ne chantent plus.
L’air chaud sent le thym et le romarin.
Papé Guy a fermé la porte du cabanon
placé face au champ de vignes.
Un petit « fenestron » permet d’observer.
Jaune, la lune envoie une lumière froide.
L’air se rafraîchit vite.
Le sanglier ne passera dans les vignes
qu’au petit matin. Le papé Guy s’endort,
assis, face au champ à l’intérieur du cabanon.
En haut de la colline, le sanglier de l’Auvière,
depuis le lever de la lune,
commence sa quête de nourriture.
Sa masse lourde ondule avec agilité autour des arbres,
ses pieds s’appuient délicatement
sur les pierres instables.
Il descend doucement vers les vignes
La lune éclaire maintenant les murs du château.
Un rayon traverse le cabanon et tombe
sur le visage endormi du papé.
Il ne lui faut pas longtemps pour se réveiller.
Et là ! entre deux rangées de vignes,
une masse sombre frôle les feuilles,
fouille le rang et mord les grappes sans distinction.
Les yeux du papé Guy brillent sous la lune.
Le sanglier de l’Auvière avance hors des rangs.
Son corps brille sous les rayons de lune.
Il redresse la tête.
Ses yeux petits et protégés par des paupières
sombres discernent dans le cabanon le regard du
papé. Prêtes à fuir, ses jambes courtes
se raidissent . Rien ne bouge.
Le papé hypnotisé ne cligne pas des yeux.
Là, à deux mètres, le sanglier de l’Auvière
Le regarde.
Quel bel animal pense-t-il !
Il me détruit quelques grappes de vignes
mais j’ai besoin de le voir vivant.
Il me montre que je ne suis pas seul
à bénéficier de cette nature.
Le sanglier de l’Auvière hésite.
Il connaît le bruit des hommes,
la détonation et les cris des chiens !
Mais là ! rien.
Rien que ce regard porté vers lui
sans haine.
Pardon l’homme de manger tes grappes
mais je le dois pour survivre.
Le papé ferme les yeux.
Le sanglier de l’Auviére se retourne et
dans une course rapide rejoint
sa colline et les bois de chênes.
FIN
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