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17 février 2011 4 17 /02 /février /2011 17:02

 100 7904                                                                            

 

         Afin de mieux faire connaître le contenu d'un

 

      cordel  voici le texte de ce premier conte écrit en

 

      Provence sur le thème de la transformation

 

       humaine   au profit de la nature.

 

 

   

 

 

 

 

 

 

 

        Sur la terre sèche  du Plateau de Valensole

 

parmi les lavandes, petits points gris vert

 

 assoiffés et odorants,

 

la main tenant son chapeau

 

sous le vent froid du mistral

 

l’homme penché avance lentement.

 

Depuis des millénaires , quelques bois

 

s’élèvent , retenant la terre ,

 

jusqu’au bord verdoyant du ravin.

 

 

Trait de l’outil nature,

 

Saignée profonde

 

D’où jaillit le magique jet,

 

Trop plein des pluies d’automne.

 

Le bois s’appelle Gipounette,

 

La source Poiraque.

 

 

 

 

        Et personne  ne les regarde, perdus,

 

noyés dans l’océan de terre.

 

A l’abri du bois, dans le creux du ravin

 

quand l’heure de la soif se fait sentir

 

il fait bon se rafraîchir,

 

s’accroupir près du jet d’eau de la source,

 

tendre les mains et recevoir

 

la fraîcheur du liquide translucide.

 

L’herbe verte, les ombres et le léger souffle

 

du vent réchauffé et parfumé

 

apaisent et inspirent au repos.

 

Tout est là : Le bois sec et craquant,

 

les orties et les prêles sorties du lit

 

ondulant de la source et l’oiseau chantant

 

la mélodie de la terre humide comparée

 

à celle du sifflement aigu du mistral

 

entraînant la poussière rouge

 

soulevée comme des vagues.

 

 

 

 

        Le bois de Gipounette sert de réserve

 

pour l’hiver à l’homme qui coupe, scie

 

et rempli ses seaux à la source Poiraque.

 

Il amasse, utilise, transpire, boit,

 

se lave , se chauffe sans compter.

 

Le bois de Gipounette se réduit,

 

l’eau fraîche disparaît sous le soleil,

 

le vent soulève les feuilles et l’herbe jaunie,

 

la terre se craquelle,

 

les pierres ne roulent plus,

 

l’oiseau ne chante pas.

 

La source Poiraque continue de couler.

 

L’homme boit encore et encore.

 

Son corps imprégné de l’eau bénéfique

 

ressent les premiers signes de la transformation.

 

Doucement, jours après jours, il change.

 

Sa peau se fendille telle l’écorce 

 

 

        ses doigts s’allongent.

 

Et il boit à la source encore et encore.

 

Mais au lieu de s’assouplir, tout son corps

 

se durcit, ses pieds lourds s’enfoncent

 

au lit de la source. Il ne bouge plus

 

afin de rester près de l’eau et

 

plus il boit plus son corps gonfle,

 

se fend, s’assombrit.

 

Il ne ressent plus le froid du vent,

 

le soleil le réchauffe et le durcit.

 

Il grandit, il s’étend vers le ciel.

 

Sans cesse, gonflé d’eau devenue sève

 

ses yeux disparaissent, sa bouche se ferme

 

son cœur ne résonne plus dans son être.

 

Il n’est plus homme, il n’est plus femme,

 

il devient un lien entre le bois et la source.

 

Les jours passent et passent.

 

Son esprit disparaît.

 

 

 Il a soif, il a besoin de l’eau

 

la pluie ne suffit pas.

 

Il creuse avec ses pieds le sol

 

à la recherche de l’eau

 

et plus il creuse, plus il grandit.

 

Petit à petit il devient l’arbre de Gipounette,

 

celui qui va redonner l’ombre,

 

faire reverdir l’herbe,

 

laisser les cailloux rouler au lit du ravin

 

de la source Poiraque.

 

 

 

N’oublie pas, toi qui passes et te rafraîchis

 

à la source, que cet arbre  te perçoit,

 

te protège et surtout ne ramasse

 

que les branches mortes et,

 

laisse-lui l’eau de la source.

 

 

 

 

 

FIN

 

 

 

 

(  la copie  ou l'utilisation de ce texte est interdite sans l'autorisation de l'auteur)

 

 

 

auteur :  jean pierre  DUVIALARD        

 

 

vidéo  :  le bois de gipounette

 

 

 

 

 

  

 

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  • : Afin de perpétuer la littérature de cordel en France et, de plus, éditer des cordels de façon artisanale, pourquoi ne pas fabriquer du papier recyclé, imprimer dessus des textes imprégnés d’imaginaire, des poèmes… et, sur la couverture, conserver le principe d’une gravure sur bois résumant le récit.
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